LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS
Et pour toute l’année 2023.
Apprenez à faire le bien, recherchez la justice (Ésaïe 1,17)
TEXTE
BIBLIQUE POUR 2023.
Ésaïe
1,12-18 Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de fouler
mes parvis ? Cessez d’apporter de vaines offrandes : la fumée, je l’ai en
horreur, Néoménie, sabbat, convocation d’assemblée… je n’en puis plus des
forfaits et des fêtes. Vos néoménies et vos solennités, je les déteste, elles me
sont un fardeau, je suis las de les supporter. Quand vous étendez les mains, je
me voile les yeux, vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos
mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous. Ôtez de ma vue vos
actions mauvaises, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, recherchez
la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la
défense de la veuve. Venez et discutons, dit le Seigneur. Si vos péchés sont
comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige. S’ils sont rouges
comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine. La Bible – Traduction
œcuménique – TOB 3
Apprenez
à faire le bien, recherchez la justice (Ésaïe 1,17)
Introduction
Ésaïe vécut et prophétisa en Juda au cours du VIIIe siècle av. J.-C. et fut un
contemporain d’Amos, de Michée et d’Osée. Cette période de grande expansion
économique et de stabilité politique pour Israël et la tribu de Juda, due à la
faiblesse des « superpuissances » de l’époque, l’Égypte et l’Assyrie, touchait
à sa fin. Toutefois, c’était aussi une époque où l’injustice, l’iniquité et les
inégalités étaient fort répandues dans les deux royaumes. En ce temps-là, la
religion prospérait également en tant qu’expression rituelle et formelle de la
croyance en Dieu, concentrée sur les offrandes et les sacrifices au Temple.
Elle était présidée par les prêtres, qui bénéficiaient également des largesses
des riches et des puissants. En raison de la proximité physique et des relations
existant entre le palais royal et le Temple, le pouvoir et l’influence étaient
presque entièrement entre les mains du roi et des prêtres, dont aucun, pendant
une grande partie de cette période historique, ne prenait la défense des
victimes de l’oppression et des injustices. À cette époque – et du reste, comme
cela fut fréquent tout au long des siècles, les riches et ceux qui faisaient de
nombreuses offrandes étaient considérés comme bons et bénis de Dieu, tandis que
les pauvres qui ne pouvaient offrir de sacrifices étaient tenus pour mauvais et
maudits de Dieu. Les indigents étaient souvent dénigrés pour leur incapacité
matérielle à participer pleinement au culte du Temple. C’est dans ce contexte
que s’exprime Ésaïe, en tentant d’éveiller la conscience du peuple de Juda face
à la réalité de sa situation. Au lieu d’honorer la religiosité de l’époque
comme une bénédiction, Ésaïe la voit comme une plaie qui suppure et comme un
sacrilège devant le Tout-Puissant. L’injustice et l’inégalité ont conduit à la
fragmentation et à la désunion. Ses prophéties dénoncent les structures
politiques, sociales et religieuses et l’hypocrisie qui consiste à offrir des
sacrifices tout en opprimant les pauvres. Il s’élève vigoureusement contre les
dirigeants corrompus et prend position en faveur des défavorisés, Dieu étant
pour lui l’unique source de la droiture et de la justice. Le groupe de travail
désigné par le Conseil des Églises du Minnesota a choisi ce verset du premier
chapitre du prophète Ésaïe comme texte central de la Semaine de prière : «
Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur,
faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve » (1,17). Ésaïe
enseigne que Dieu exige de nous tous droiture et justice, à tout moment et dans
tous les domaines de la vie. Notre monde actuel reflète à bien des égards les
défis de la division qu’Ésaïe a affrontés au cours de sa prédication. La
justice, la droiture et l’unité proviennent de l’amour profond de Dieu pour
chacun d’entre nous, et sont au cœur-même de l’essence divine et de la manière
dont le Seigneur attend que nous nous comportions les uns envers les autres. Sa
volonté de créer une humanité nouvelle « de toutes nations, tribus, peuples et
langues » (Ap 7,9) nous appelle à la paix et à l’unité qu’il a toujours voulue
pour la création.
Le
langage du prophète à l’égard de la religiosité de l’époque est féroce : «
Cessez d’apporter de vaines offrandes : la fumée, je l’ai en horreur… Quand
vous étendez les mains, je me voile les yeux » (v. 13, 15). Après avoir
prononcé ces condamnations cinglantes, mettant en évidence ce qui ne va pas,
Ésaïe présente le remède à ces iniquités. Il ordonne au peuple de Dieu de se
laver, de se purifier, d’ôter de sa vue leurs actions mauvaises, de cesser de
faire le mal (cf. v. 16). Aujourd’hui, la séparation et l’oppression continuent
d’être manifestes lorsqu’un seul groupe ou une seule classe sociale se voit
accorder des privilèges par rapport aux autres. Toutes les croyances ou
pratiques qui distinguent ou placent une « race » 1 au-dessus d’une autre
commettent clairement le péché du racisme. Lorsqu’ils s’accompagnent ou sont
renforcés par un pouvoir non équilibré, les préjugés raciaux ne se limitent pas
aux relations individuelles mais atteignent les structures mêmes de la société
– ce qui conduit à une perpétuation systémique du racisme. Celui-ci a
injustement profité à certains, y compris aux Églises, et en a accablé et exclu
d’autres, simplement en raison de la couleur de leur peau et de ce qui, au plan
culturel, est lié à la perception de la « race ». Comme certains religieux
étaient si farouchement dénoncés par les prophètes de la Bible, des chrétiens
ont été ou continuent d’être complices en soutenant ou perpétuant les préjugés
et l’oppression, et en fomentant la division. L’histoire montre qu’au lieu de
reconnaître la dignité de tout être humain créé à l’image de Dieu et à sa
ressemblance, les chrétiens se sont trop souvent retrouvés impliqués dans des
systèmes reposant sur le péché tels que l’esclavage, la colonisation, la
ségrégation et l’apartheid, qui ont privé d’autres personnes de leur dignité
pour de faux motifs de race. De même, au sein des Églises, les chrétiens n’ont
pas reconnu la dignité de tous les baptisés et ont déprécié la dignité de leurs
frères et sœurs en Christ sur la base d’une prétendue différence raciale.
Rappelons les mémorables paroles du Révérend Dr Martin Luther King Jr : « C’est
l’une des tragédies de notre nation, l’une des tragédies honteuses, qu’à onze
heures le dimanche sonne une des heures où la ségrégation est la plus forte,
une heure qui est sans doute celle de la plus forte ségrégation pour l’Amérique
chrétienne ». Cette déclaration met en évidence les intersections entre la
désunion des chrétiens et la désunion de l’humanité. Toute division s’enracine
dans le péché, c’est-à-dire dans des attitudes et des actions qui vont à
l’encontre de l’unité que Dieu désire pour l’ensemble de sa création. Le
racisme fait tragiquement partie du péché qui a séparé les chrétiens les uns
des autres, les obligeant à célébrer leur culte à des heures différentes et
dans des édifices distincts et, dans certains cas, il a conduit les communautés
chrétiennes à se diviser. Malheureusement, peu de choses ont changé depuis
l’époque de la déclaration de Martin Luther King. Le culte de onze heures –
moment où se retrouvent le plus grand nombre de fidèles le dimanche – souvent
ne manifeste pas l’unité chrétienne mais au contraire la division, qui suit des
critères de race, de statut social ainsi que d’appartenance à une confession.
Comme le proclame Ésaïe, cette hypocrisie parmi les croyants est une offense à
Dieu : « Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains
sont pleines de sang » (v. 15). Apprendre à faire le bien Dans le passage de
l’Écriture choisi pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2023, le
prophète Ésaïe nous montre comment guérir ces maux. Apprendre à faire le bien
exige de décider de s’engager dans une réflexion sur soi. La Semaine de prière
est le moment idéal pour que les chrétiens reconnaissent que les divisions
entre nos Églises 1. Il existe une seule race, la race humaine. Cependant, il
nous faut reconnaître que le mythe de la race est à l’origine du racisme. La
race n’a rien de biologique. C’est une élaboration sociale divisant l’humanité
sur la base de caractères physiques. Même ce terme n’est pas employé dans de
nombreuses parties du monde, il est important de reconnaître qu’il a été
utilisé comme instrument de division et d’oppression de groupes humains.
Et nos confessions ne peuvent être séparées
des divisions au sein de la famille humaine tout entière. Prier ensemble pour
l’unité des chrétiens nous permet de réfléchir à ce qui nous unit et de nous
engager à lutter contre l’oppression et la division au sein de l’humanité. Le
prophète Michée rappelle que Dieu nous a dit ce qui est bon et ce qu’il exige
de nous : “Rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité et
[s]’appliquer à marcher avec [s]on Dieu” (Michée 6,8). Se comporter avec
justice signifie que nous respectons toutes les personnes. La justice exige
d’agir de manière véritablement équitable afin de remédier aux préjugés du
passé fondés sur la « race », le genre, la religion et le statut
socio-économique. Marcher humblement avec Dieu implique repentance, réparation
et enfin réconciliation. Dieu attend de nous que nous assumions ensemble la
responsabilité d’agir en faveur d’un monde équitable pour tous les enfants de
Dieu. L’unité des chrétiens devrait être un signe et un avant-goût de l’unité
réconciliée de la création tout entière. Cependant, la division des chrétiens
affaiblit la force de ce signe et contribue à renforcer la division au lieu
d’apporter la guérison aux déchirures du monde, ce qui est la mission de
l’Église. Rechercher la justice Ésaïe conseille aux habitants de Juda de
rechercher la justice (v. 17), ce qui équivaut à reconnaître l’existence de
l’injustice et de l’oppression dans leur société. Il implore le peuple de Juda
de renverser ce statu quo. Rechercher la justice nous oblige à faire face à
ceux qui font du mal aux autres. Ce n’est pas une tâche facile et qui peut
parfois mener à des conflits, mais Jésus nous assure que défendre la justice
face à l’oppression conduit au Royaume des cieux. « Heureux ceux qui sont persécutés
pour la justice : le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,10). Dans de
nombreuses régions du monde, les Églises doivent reconnaître qu’elles se sont
conformées aux normes sociétales et ont gardé le silence ou activement été
complices de l’injustice raciale. Les préjugés raciaux ont été l’une des causes
de la division des chrétiens qui a déchiré le Corps du Christ. Des idéologies
toxiques, telles que la suprématie blanche et la doctrine de la découverte2,
ont causé beaucoup de tort, en particulier en Amérique du Nord et dans les pays
du monde entier colonisés au cours des siècles par les puissances européennes
blanches. En tant que chrétiens, nous devons être prêts à bouleverser les
structures source d’oppression et à plaider pour la justice. L’année au cours
de laquelle le groupe de rédaction du Minnesota a préparé les textes pour la
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens a été marquée par le mal et la
dévastation de l’oppression sous les formes les plus diverses dans le monde
entier. Cette souffrance a été considérablement amplifiée dans de nombreuses
régions, notamment dans le Sud du monde, par la pandémie de COVID-19, où la
simple subsistance était presque impossible pour beaucoup, et où une aide
concrète était presque totalement absente. L’auteur de l’Ecclésiaste semblait
parler de la situation actuelle : « Je vois toutes les oppressions qui se
pratiquent sous le soleil. Regardez les pleurs des opprimés : ils n’ont pas de
consolateur ; la force est du côté des oppresseurs : ils n’ont pas de consolateur."
(Qo 4,1). L’oppression nuit à l’ensemble de la race humaine. Il ne peut y avoir
d’unité sans justice. Lorsque nous prions pour l’unité des chrétiens, nous
devons reconnaître l’oppression actuelle et générationnelle et être résolus à
nous repentir de ces péchés. Nous pouvons faire nôtre l’injonction d’Ésaïe de
nous laver, nous purifier car nos mains sont pleines de sang (cf. v. 15, 16).
2. La doctrine de la découverte, issue d'une bulle papale émise par le Pape
Alexandre VI (4 mai 1493), s'est répandue dans le monde entier et a profité aux
Églises de différentes manières vis-à-vis des descendants des peuples indigènes
et des esclaves. Elle justifiait la saisie des terres des peuples indigènes du
fait que les puissances colonisatrices avaient « découvert » ces terres.
Secourir les opprimés La Bible nous enseigne que nous ne pouvons séparer notre
relation avec le Christ de notre attitude envers l’ensemble du peuple de Dieu,
en particulier envers ceux qui sont considérés comme « les plus petits » (Mt 25,40).
Notre engagement les uns envers les autres exige que nous nous impliquions dans
la mishpat, mot hébreu qui signifie ‘justice réparatrice’, en défendant ceux
dont la voix n’a pas été entendue, en démantelant les structures qui créent et
entretiennent l’injustice, et en en construisant de nouvelles promouvant et
garantissant que chacun reçoive un traitement équitable et ait accès aux droits
qui lui sont dus. Ce travail doit s’étendre, au-delà de nos amis, de notre
famille et de nos communautés, à l’ensemble de l’humanité. Les chrétiens sont
appelés à aller en mission vers les autres et à écouter les cris de tous ceux
qui souffrent, afin de mieux comprendre leurs souffrances et leurs traumatismes
et d’y trouver une réponse. Le Révérend Dr Martin Luther King Jr a souvent
rappelé qu’« une émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus ».
Lorsque des protestations et des troubles ont lieu dans la population, c’est
souvent parce que les voix des révoltés ne sont pas entendues. Si les Églises
élèvent leurs voix avec celles des opprimés, leur cri de justice et de
libération sera amplifié. Nous servons et aimons Dieu et notre prochain en nous
servant et en nous aimant les uns les autres dans l’unité. Faire droit à
l’orphelin, prendre la défense de la veuve Aux côtés des étrangers, la Bible
hébraïque réserve une place particulière aux veuves et aux orphelins qui
comptent parmi les membres les plus vulnérables de la société. À l’époque
d’Ésaïe où Juda traversait une période de grand succès économique, les orphelins
et les veuves se trouvaient dans une situation désespérée car privés de
protection et du droit de posséder des terres, et donc de la capacité de
subvenir à leurs besoins. Le prophète appelle la communauté, alors qu’elle se
réjouit de sa prospérité, à ne pas manquer de défendre et de nourrir les plus
pauvres et les plus faibles d’entre eux. Cet appel prophétique résonne encore à
notre époque, alors que nous nous demandons : qui sont les personnes les plus
vulnérables de notre société ? Quelles sont les voix qui ne sont pas entendues
dans nos communautés ? Qui n’est pas représenté autour de la table ? Pourquoi ?
Quelles Églises et Communautés sont absentes de nos dialogues, de notre action
commune et de notre prière pour l’unité des chrétiens ? Alors que nous prions
ensemble au cours de cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens,
comment sommes-nous prêts à agir en ce qui concerne ces voix absentes ?
Conclusion Ésaïe exhorte le peuple de Dieu de son temps à apprendre à faire
ensemble le bien, à rechercher ensemble la justice, à secourir ensemble les
opprimés, à faire droit à l’orphelin et à prendre la défense de la veuve
ensemble. Le défi lancé par le prophète nous concerne également aujourd’hui.
Comment pouvons-nous vivre notre unité en tant que chrétiens afin d’apporter
une réponse aux maux et injustices de notre temps ? Comment pouvons-nous
engager le dialogue, accroître la sensibilisation, la compréhension et notre
intuition par rapport aux expériences vécues par les uns et les autres ? Ces prières
et ces rencontres du cœur ont le pouvoir de nous transformer – individuellement
et collectivement. Soyons ouverts à la présence de Dieu dans toutes nos
rencontres, alors que nous cherchons à nous transformer, à démanteler les
structures sources d’oppression et à guérir les péchés du racisme. Ensemble,
engageons-nous dans la lutte pour la justice dans notre société. Nous
appartenons tous au Christ.
És
1,12-18 Apprenez à
faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à
l’orphelin, prenez la défense de la veuve
Lc
10,25-36 Il dit à
Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
Réflexion Selon Ésaïe, Dieu veut que la tribu de Juda ne se contente pas de pratiquer la justice, mais qu’elle adopte le principe de toujours faire ce qui est juste. Dieu ne veut pas seulement que nous nous occupions des orphelins et des veuves, mais que nous fassions ce qui est juste et bon pour eux et pour toute personne mise en marge par la société. En hébreu, « bon » se dit « yaw-tab ». Ce mot signifie être heureux, joyeux, agréable, bien faire, faire quelque chose de beau. Être chrétien signifie être un disciple. Tous les chrétiens se rassemblent pour écouter la Parole de Dieu, apprenant ensemble ce que signifie faire le bien et qui a besoin de cette solidarité. Alors que la société est de plus en plus indifférente aux besoins des autres, nous, les enfants de Dieu, devons apprendre à prendre fait et cause pour nos frères et sœurs opprimés en interpellant ceux qui sont au pouvoir et, quand cela est nécessaire, en défendant leur cause afin qu’ils puissent vivre en paix et dans la justice. Si nous le faisons, nous ferons toujours ce qui est juste ! Notre engagement à éradiquer le racisme et à guérir de ce péché exige que nous soyons prêts et disposés à instaurer des liens avec nos sœurs et frères chrétiens. Unité des chrétiens Un homme de loi demande à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » La réponse de Jésus nous appelle à voir au-delà des divisions de la religion, de la tribu ou de la nationalité pour reconnaître notre prochain dans le besoin. Les chrétiens également doivent regarder au-delà de ces barrières et des divisions au sein de la famille chrétienne pour reconnaître et aimer leurs frères et sœurs en Christ. Défi Qui sont les personnes marginalisées ou opprimées dans votre société ? Comment les Églises pourraient-elles marcher avec ces frères et sœurs, répondre à leurs besoins et parler en leur nom ?
Seigneur,
tu as appelé ton peuple de l’esclavage à la liberté, Donne-nous la force et le
courage de chercher ceux qui ont besoin de justice. Fais que nous voyions ce
besoin et sachions offrir notre aide, et par ton Esprit Saint, rassemble-nous
dans l’unique troupeau de Jésus Christ, notre berger. Amen.
Pr
21,13-15 L’exercice
du droit est une joie pour le juste, mais c’est une calamité pour le malfaiteur
Mt
23,23-25 La
justice, la miséricorde et la fidélité ; c’est ceci qu’il fallait faire
Réflexion D’entrée, le Livre des Proverbes se propose de faire connaître la sagesse et instruire pour « faire acquérir une éducation éclairée : justice, équité » (1,3). Tout au long de ses oracles de sagesse, l’appel à agir avec justice et à rechercher la droiture est un constant leitmotiv, sans cesse rappelé et jugé plus acceptable aux yeux de Dieu que le sacrifice. En une seule phrase pleine de sagesse, l’orateur témoigne que les justes se réjouissent lorsque justice est faite. Mais la justice dérange ceux qui servent les iniquités. Les chrétiens, au-delà de leurs séparations, devraient se réjouir tous ensemble lorsque la justice est faite, et être prêts à rester unis lorsque cette justice génère une opposition. Quand nous faisons ce que le Seigneur demande et que nous osons rechercher la justice, il se peut que nous nous retrouvions pris dans un tourbillon de résistances et d’opposition à toute tentative d’améliorer les choses pour les plus vulnérables d’entre nous. Ceux qui tirent avantage des systèmes et des structures soutenus par la suprématie blanche et d’autres idéologies source d’oppression, telles que le « système des castes » et le patriarcat, tenteront de retarder et refuser la justice, souvent de manière violente. Mais rechercher la justice, c’est frapper au cœur des pouvoirs, faire de la place pour l’ordre juste et la sagesse éternelle de Dieu dans un monde trop souvent insensible à la souffrance. Et pourtant, il y a de la joie à faire ce qui est juste. Il y a de la joie à affirmer que « Black lives matter » lorsque l’on est en quête de justice pour les enfants bien-aimés de Dieu qui sont opprimés, dominés et exploités. Il y a de la joie à rechercher la réconciliation avec d’autres chrétiens afin de mieux servir la proclamation du Royaume. Que cette joie se manifeste par le partage de nos expériences de la présence de Dieu parmi nous, sur les chemins connus et inconnus où Dieu marche à nos côtés vers la guérison, la réconciliation et l’unité en Christ. Unité des chrétiens Les chefs religieux auxquels Jésus s’adresse dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui se sont habitués aux injustices du monde et s’en accommodent. Ils sont heureux d’accomplir des devoirs religieux tels que verser la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, mais négligent leurs devoirs plus lourds et plus dérangeants que sont la justice, la miséricorde et la fidélité. De même, les chrétiens se sont habitués et se sont accommodé des divisions qui existent entre eux. La plupart du temps, nous sommes fidèles dans notre observance religieuse, mais nous négligeons souvent l’exhortation du Seigneur qui veut que tous ses disciples soient un. Défi Comment les communautés locales peuvent-elles se soutenir mutuellement pour résister à l’opposition que peut susciter la justice ?
Dieu,
tu es la source de notre sagesse. Accorde-nous la sagesse et le courage de
faire (la) justice, de réagir face à ce qui ne va pas dans le monde et d’agir
pour le rendre juste. Accorde-nous la sagesse et le courage de grandir dans
l’unité de ton Fils, Jésus Christ, qui, avec toi et le Saint-Esprit, règne pour
les siècles des siècles. Amen.
3 e JOUR
Faites
la justice, aimez la miséricorde, marchez humblement
Mc
10,17-31 Bon
Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ?
Nous
– pas moi. Le prophète avertit le peuple de ce que signifie la fidélité à
l’alliance de Dieu : « Ce que le Seigneur exige de toi ? Rien d’autre que
respecter le droit, aimer la fidélité et t’appliquer à marcher avec ton Dieu ».
Dans l’hébreu biblique, la justice et la bonté (la miséricorde) ne sont pas
différentes ou opposées l’une à l’autre. En réalité, elles sont liées en un
seul mot, mishpat. Dieu nous a montré ce qui est bon, nous demandant de faire
la justice en aimant la bonté et en marchant humblement avec lui. Marcher
humblement avec Dieu signifie marché aux côtés des autres ; en conséquence, il
n’est pas seulement question de l’individu : mon cheminement, mon amour.
L’amour auquel Dieu nous invite est toujours un amour qui nous rassemble dans
la communion : nous – pas moi. Ce point de vue fait toute la différence dans la
façon dont nous « faisons la justice ». En tant que chrétiens, nous agissons
avec justice pour manifester quelque chose du Royaume de Dieu dans le monde, et
donc pour inviter les autres dans ce lieu où règne la bonté aimante de Dieu.
Dans son Royaume, nous sommes tous aimés de la même manière en tant qu’enfants
de Dieu, et en tant qu’Église de Dieu, nous sommes appelés à nous aimer les uns
les autres comme des frères et sœurs et à inviter les autres à prendre part à
cet amour. Faire justice, aimer la bonté et marcher humblement avec Dieu,
appelle les chrétiens à agir ensemble en rendant témoignage du Royaume de Dieu
dans l’unité au sein de nos communautés : nous – pas moi. Unité des chrétiens «
Marcher humblement » était une gageure pour le jeune homme riche qui demandait
à Jésus ce qu’il devait faire pour recevoir la vie éternelle en partage. Depuis
sa jeunesse, il avait obéi à tous les commandements mais ne pouvait faire le
dernier pas pour se joindre aux disciples de Jésus à cause de sa richesse ; il
était prisonnier de ses biens. Comme il est difficile pour nous chrétiens de
nous défaire de ce que nous percevons comme des richesses mais qui nous
empêchent d’accéder à une plus grande richesse, celle qui nous permettra de
rejoindre les disciples de Jésus dans l’unité chrétienne. 25 Défi Comment nos
Églises peuvent-elles mieux répondre aux besoins de nos frères les plus
vulnérables ? Comment pouvons-nous honorer chaque voix dans nos communautés ?
Père
aimant et miséricordieux, Élargis notre regard afin que nous puissions voir la
mission que nous partageons avec tous nos frères et sœurs chrétiens, qui est de
montrer la justice et la bonté de ton Royaume. Aide-nous à accueillir notre
prochain comme ton Fils nous a accueillis. Aide-nous à être plus généreux en
témoignant de la grâce que tu nous donnes. Par le Christ notre Seigneur. Amen.
Regardez
les pleurs des opprimés
Lectures
Ec
4,1-5 D’autre part,
je vois toutes les oppressions qui se pratiquent sous le soleil. Regardez les
pleurs des opprimés : ils n’ont pas de consolateur ; la force est du côté des
oppresseurs : ils n’ont pas de consolateur
Mt
5,1-8 Heureux ceux
qui pleurent : ils seront consolés
«
Regardez les pleurs des opprimés ». On peut aisément imaginer que le narrateur
a hélas déjà et fréquemment été témoin d’atrocités de ce genre. Et pourtant,
c’est peut-être la première fois qu’il voit vraiment les larmes des opprimés,
qu’il prend pleinement conscience de leur douleur et de leur assujettissement.
Si ceci est regrettable, cette attention nouvelle et ce nouveau regard sont
toutefois porteurs de la semence de l’espérance : peut-être cette fois-ci, ce
témoignage fera-t-il bouger les lignes, peut-être fera-t-il la différence. Une
jeune femme a regardé et vu les larmes des opprimés. La vidéo du meurtre de
George Floyd, en mai 2020, qu’elle a filmée avec son téléphone et qui a été vue
dans le monde entier, a déclenché une sainte colère car tous ont été témoins et
ont finalement reconnu ce que les Afro-Américains vivent depuis des siècles :
leur injustifiable assujettissement par des systèmes oppressifs au milieu de
spectateurs aveugles et privilégiés. La reconnaissance de cette douloureuse
réalité a suscité à travers le monde un élan de compassion qui n’avait que trop
tardé, sous la forme de prières et de manifestations pour demander justice. Le
fait d’être passés de la simple constatation à une vision claire et à une prise
de conscience est un encouragement pour nous qui sommes acteurs de cette
réalité sur la terre : Dieu peut faire tomber les écailles de nos yeux pour
témoigner d’événements de manière nouvelle et libératrice. Lorsque ces écailles
disparaissent, l’Esprit Saint nous éclaire et nous donne aussi la conviction
que nous pouvons réagir d’une autre façon et librement. L’une des réponses
apportées par les Églises et les Communautés a été d’installer une tente de
prière sur la Place George Floyd, lieu de son assassinat. C’est donc dans
l’unité que ces Églises et Communautés ont offert leur réconfort à ceux qui
étaient en deuil et subissaient l’oppression. 26 Unité des chrétiens Le récit
des béatitudes de Matthieu commence par Jésus face à la foule. Dans cette
multitude, il doit avoir vu des artisans de paix, des pauvres en esprit, des
cœurs purs, des hommes et des femmes en deuil et des affamés de justice. Dans
les béatitudes, Jésus ne se contente pas de nommer les combats de ces personnes
mais proclame ce qu’ils deviendront : ils seront enfants de Dieu et le royaume
des cieux sera à eux. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à prendre
conscience des saintes luttes de nos frères et sœurs en Christ. Défi Vous
êtes-vous engagé au sein de groupes chrétiens luttant contre l’oppression dans
votre quartier ? Comment les Églises de votre ville peuvent-elles s’unir pour
mieux manifester leur solidarité avec ceux qui souffrent de l’oppression ?
Dieu
de justice et de miséricorde, fait tomber les écailles de nos yeux pour que
nous puissions vraiment voir l’oppression qui nous entoure. Nous prions au nom
de Jésus qui a vu les foules et a eu pitié d’elles. Amen.
5 e JOUR
Chanter
un chant du Seigneur en terre étrangère
Lc
23,27-31 Filles de
Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos
enfants
La
lamentation du psalmiste remonte à l’exil de Juda à Babylone, mais la douleur
de l’exil résonne à travers tous les temps et les cultures. Peut-être le
psalmiste a-t-il crié sa complainte se tournant vers les cieux. Peut-être
chaque verset a-t-il été clamé au milieu d’amers sanglots et d’un profond
chagrin. Peut-être ce poème a-t-il été composé dans un haussement d’épaules de
résignation que seule une existence vécue dans l’injustice et un sentiment
d’impuissance à changer les choses de manière significative peuvent susciter.
Quelle que soit la manière dont ces mots ont été prononcés, la douleur de ce
passage trouve un écho dans le cœur de ceux qui sont traités en étrangers dans
d’autres pays ou dans leur propre pays. Dans ce psaume, l’oppresseur demande de
sourire et de se réjouir, de chanter les chansons d’un passé « heureux ». Il
s’adresse à des personnes qui tout au long des siècles ont été marginalisées.
27 Qu’il s’agisse de minstrel shows, 11 de danses de geishas12 ou de spectacles
de cow-boys et d’Indiens du Far West,13 les oppresseurs ont souvent exigé que
les personnes opprimées se produisent joyeusement pour assurer leur propre
survie. Leur message est aussi simple que cruel : vos chansons, vos cérémonies,
votre identité culturelle, tout ce qui vous rend uniques et dignes de respect,
n’est autorisé que tant qu’il nous est utile. Ce psaume donne la parole à tous
les opprimés. Comment pourrions-nous chanter le chant du Seigneur alors que
nous sommes des étrangers dans notre propre pays ? Nous ne chantons pas pour
ceux qui nous privent de notre liberté mais pour louer Dieu. Nous chantons
parce que nous ne sommes pas seuls, car Dieu ne nous a jamais abandonnés. Nous
chantons parce que nous sommes entourés d’une nuée de témoins. Les ancêtres et
les saints nous inspirent. Ils nous encouragent à chanter des chants d’espoir,
des chants de liberté, des chants de libération, des chants qui nous parlent
d’une terre où un peuple est rétabli. Unité des chrétiens L’Évangile de Luc rapporte
que des personnes, dont de nombreuses femmes, suivent Jésus, même lorsqu’il
porte sa croix au Calvaire. Le suivre ainsi est l’acte de disciples fidèles.
Jésus reconnaît leurs combats et les souffrances qu’ils devront endurer en
portant dans la foi leur propre croix. Grâce au Mouvement œcuménique, les
chrétiens partagent aujourd’hui des hymnes, des prières, des réflexions et des
idées par-delà leurs propres traditions. Nous les recevons de chrétiens issus
de communautés différentes de la nôtre comme des dons issus de la foi et d’une
vie de disciple vécue dans l’amour, souvent au milieu de difficultés. Ces dons
partagés sont des richesses à conserver précieusement et témoignent de la foi
chrétienne que nous partageons. Défi Comment évoquons-nous les histoires
d’ancêtres et de saints qui ont vécu parmi nous et ont élevé vers Dieu des
chants remplis de foi et d’espérance, rendant grâce pour la libération de la
captivité ? Prière Dieu des opprimés, Ouvre nos yeux sur le mal qui continue
d’être infligé à nos sœurs et frères en Christ. Que ton Esprit nous donne le
courage de chanter à l’unisson et d’élever nos voix avec ceux dont la
souffrance n’est pas entendue. Nous te prions au nom de ton Fils Jésus. Amen.
11. Considérés comme la première forme originale de divertissement populaire
américain, les minstrel shows ont vu le jour dans les années 1830. Il
s'agissait d'une combinaison de blackface, une forme de maquillage théâtral
utilisée principalement par les Blancs, et de productions théâtrales mettant en
scène de manière désobligeante des figures et personnages afro-américains.
Néanmoins, si dans les années 1890 les artistes afro-américains « se
noircissent encore davantage », chantent, dansent et discutent de sujets
provocants comme le sexe dans les « minstrel shows de couleur », ils n’en
ressentent pas moins la responsabilité nouvelle de réagir face aux stéréotypes
de l'identité noire, jugée risible, primitive et excessivement sensuelle, ce
qui les amène à évoluer vers une présentation de soi sur scène qui vient
contrecarrer les stéréotypes racistes et le discours politique ambiant. 12. La
geisha, apparue au XVIIe siècle au Japon, est une « artiste » chargée de
divertir par la danse, la musique, la conversation et d’autres actes lors des
différentes cérémonies du thé. 13. Après la bataille de Little Bighorn en 1876,
Buffalo Bill Cody fonde le Wild West Show, un spectacle itinérant présentant
tout ce qui est occidental, y compris une reconstitution de la dernière
bataille du Général Custard. Les Amérindiens, qui semblaient domestiqués plutôt
que sauvages, constituaient la plus grande attraction, participant aux
spectacles alors que le gouvernement américain combattait encore en territoire
indien. 28
Chaque
fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits… c’est à moi que vous
l’avez fait
Lectures
Ez
34,15-20 La bête
perdue, je la chercherai ; celle qui se sera écartée, je la ferai revenir ;
celle qui aura une patte cassée, je lui ferai un bandage ; la malade, je la
fortifierai
Mt
25,31-40 En vérité,
je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits,
qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.
Réflexion
L’Évangile
de Matthieu nous rappelle que nous ne pouvons pas séparer notre amour de Dieu
de notre amour des autres. Nous aimons Dieu lorsque nous donnons à manger à
ceux qui ont faim, quand nous donnons à boire à ceux qui ont soif, quand nous
accueillons l’étranger, quand nous vêtissions celui qui est nu, quand nous
visitons le malade et allons vers le prisonnier. Lorsque nous prenons soin de «
l’un de ces plus petits » et le servons, nous prenons soin et servons le Christ
lui[1]même. Les années 2020
et 2021 ont mis en évidence l’immense épreuve endurée par les membres de la
famille de Dieu. La pandémie mondiale de COVID-19, conjuguée aux disparités
économiques, éducatives et environnementales, ont eu sur nous un impact tel
qu’il faudra des décennies pour le surmonter. Elle a montré la souffrance
individuelle et collective vécue dans le monde entier et a rassemblé les
chrétiens dans l’amour, l’empathie et la solidarité. Pendant ce temps, au
Minnesota, le meurtre de George Floyd par l’agent de police Derek Chauvin a
exposé au grand jour la persistance de l’injustice raciale. Le gémissement de
Floyd – « je n’arrive pas à respirer » – était aussi celui de beaucoup d’êtres
humains écrasés par la pandémie et l’oppression. Dieu nous appelle à honorer le
caractère sacré et la dignité de chaque membre de la famille de Dieu. Prendre
soin des autres, les servir et les aimer ne révèle pas qui ils sont, mais qui
nous sommes. En tant que chrétiens, nous devons être unis dans notre
responsabilité d’aimer et de prendre soin des autres, tout comme nous recevons
les soins et l’amour de Dieu. En agissant ainsi, nous vivons notre foi commune
à travers nos actions au service du monde. Unité des chrétiens Le prophète
Ezéchiel décrit le Seigneur Dieu comme un berger qui rassemble son troupeau en
faisant revenir ceux qui se sont égarés et en soignant ceux qui sont blessés.
Le Père veut que son peuple soit uni et il continue à réaliser cette unité, à
rassembler le troupeau, par l’action de son Esprit Saint. Par la prière, nous
nous disposons à recevoir l’Esprit qui rétablit l’unité de tous les baptisés.
Défi Dans quelle mesure les « plus petits » sont-ils invisibles pour vous ou
votre Église ? Comment nos Églises peuvent[1]elles
travailler ensemble pour prendre soin des « plus petits » et les servir ? 29
Dieu
d’amour, Nous te rendons grâce pour la sollicitude et l’amour sans fin que tu nous
offres. Aide-nous à chanter des chants de rédemption. Ouvre grand nos cœurs,
afin que nous puissions recevoir ton amour et offrir à notre tour ta compassion
à l’ensemble de la famille humaine. Nous te prions au nom de Jésus. Amen.
7 e JOUR
Ce
qui est aujourd’hui ne doit pas obligatoirement le rester
Lc
1,46-55 Il a jeté
les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles.
Réflexion
Job,
qui menait une vie heureuse, perdit de façon inattendue son bétail et ses
serviteurs et connut le cruel chagrin de voir mourir tous ses enfants. Il
souffrait mentalement, physiquement et spirituellement. Nous souffrons tous,
que ce soit dans notre mental, notre corps ou notre esprit. Nous pouvons nous
éloigner de Dieu et des autres. Nous pouvons perdre espoir. Et pourtant, en
tant que chrétiens, nous sommes unis dans la conviction que Dieu est avec nous
au milieu de nos souffrances. Le 11 avril 2021, au Minnesota, Daunte Wright, un
Afro-Américain de vingt ans non armé, a été abattu par un policier blanc lors
d’un banal contrôle routier. Cet incident s’est produit pendant le procès de
Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd. Il est facile de céder au désespoir
lorsqu’on nous rappelle une fois de plus que nous vivons dans une société
fracturée qui ne reconnaît, n’honore et ne protège pas pleinement la dignité
humaine et la liberté de tous les êtres humains. Selon le Père Bryan
Massingale, éminent expert catholique en éthique sociale et spécialiste de la
justice raciale, « la vie sociale est le fait des êtres humains. La société
dans laquelle nous vivons est le résultat de choix et de décisions humaines.
Cela signifie que les êtres humains peuvent changer les choses. Ce que les
êtres humains brisent, divisent et séparent, nous pouvons aussi, avec l’aide de
Dieu, le guérir, l’unir et le rétablir. Ce qui est aujourd’hui ne doit pas
obligatoirement le rester, en cela résident l’espérance et le défi ». Dans la prière,
les chrétiens accordent leur cœur avec le cœur de Dieu, pour aimer ce qu’il
aime et aimer comme il aime. L’intégrité dans la prière accorde donc les cœurs
de tous les chrétiens au-delà de leurs divisions, pour aimer ce que Dieu aime,
qui et comme il aime, et pour exprimer cet amour dans nos actes. Unité des
chrétiens Le Magnificat est le chant de louange dans lequel Marie se réjouit
pour toutes les choses que Dieu fait : il rétablit l’égalité en élevant les
humbles, répare l’injustice en donnant à manger à ceux qui ont faim et se
souvient d’Israël, son serviteur. Le Seigneur n’oublie jamais ses promesses et
30 n’abandonne jamais son peuple. Il est facile de négliger ou sous-estimer la
foi de ceux qui appartiennent à d’autres communautés chrétiennes, surtout si ce
sont des petites communautés. Mais le Seigneur fait de son peuple un tout en
élevant les humbles de sorte que la valeur de chacun soit reconnue. Nous sommes
appelés à voir comme il voit et à accorder de la valeur à chacun de nos frères
et sœurs chrétiens comme il le fait lui-même. Défi Comment pouvons-nous nous
rassembler en Christ dans l’espérance et la foi que Dieu « musèlera l’infamie »
?
Prière
Dieu
de l’espérance, Aide-nous à nous souvenir que tu es près de nous quand nous
souffrons. Aide-nous à incarner l’espérance les uns pour les autres quand le
désespoir s’installe à nouveau dans notre cœur. Accorde-nous le don d’être
ancrés dans ton Esprit d’amour quand ensemble nous œuvrons pour éradiquer
toutes les formes d’oppression et d’injustice. Donne-nous le courage d’aimer ce
que tu aimes, qui tu aimes et comme tu aimes, et d’exprimer cet amour à travers
nos actes. Par le Christ notre Seigneur. Amen.
La
justice qui rétablit la communion
Lectures Ps 82,1-4 Soyez des juges pour le faible et l’orphelin, rendez justice au malheureux et à l’indigent
Lc
18,1-8 Et Dieu ne
ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ?
Réflexion
Le Livre des Psaumes est un mélange de prières, de louanges, de lamentations et de préceptes que Dieu nous adresse. Dans le Psaume 82, Dieu appelle à une justice faisant respecter les droits humains fondamentaux qui devraient être accordés à chacun de nous : liberté, sécurité, dignité, santé, égalité et amour. Le psaume appelle également à renverser les systèmes engendrant disparité et oppression, et à réparer tout ce qui est injuste, corrompu ou contribue à l’exploitation de l’être humain. Telle est la justice qu’en tant que chrétiens, nous sommes appelés à promouvoir. Membres de la communauté chrétienne, nous joignons notre volonté et nos actions à celles de Dieu qui œuvre pour le salut de la création. Le péché est toujours à la racine de la division, y compris celle entre chrétiens, et la rédemption rétablit toujours la communion. Dieu nous appelle à incarner notre foi chrétienne en agissant à partir de la vérité qui dit que chaque personne est précieuse, que les personnes sont plus importantes que les choses, et que l’évaluation de toute structure institutionnelle de la société doit se fonder sur la menace ou l’amélioration qu’elle constitue pour la vie et la dignité de chaque personne. Tout être humain a le droit et la responsabilité de participer à la société, en recherchant ensemble le bien commun et le bien-être de tous, en particulier des plus humbles et des plus démunis. Dans Jesus and the Disinherited, le Révérend Dr Howard Thurman, qui était le conseiller spirituel du Révérend Dr Martin Luther King Jr., déclare : « Nous devons proclamer la vérité que toute vie est une et que nous sommes tous liés les uns aux autres. Par conséquent, il est de notre devoir d’œuvrer en faveur d’une société dans laquelle le dernier d’entre nous peut trouver refuge et réconfort. Vous devez déposer votre vie sur l’autel du changement social afin que, où que vous soyez, le Royaume de Dieu soit à portée de main ». Unité des chrétiens Jésus raconte la parabole de la veuve et du juge sans justice afin d’enseigner au peuple « la nécessité pour eux de prier constamment et de ne pas se décourager » (Lc 18, 1). Jésus a vaincu de manière décisive l’injustice, le péché et la division, et notre tâche, en tant que chrétiens, est d’accueillir cette victoire d’abord dans nos cœurs à travers la prière et ensuite dans nos vies par l’action. Puissions-nous ne jamais perdre courage et continuer à demander à Dieu dans la prière le don de l’unité et manifester cette unité dans nos vies. Défi En tant que peuple de Dieu, comment nos Églises sont-elles appelées à s’engager en faveur d’une justice qui nous unisse dans nos actions pour aimer et servir l’ensemble de la famille de Dieu ?
Prière
Seigneur
Dieu, toi qui es Créateur et Sauveur de toutes choses, apprends-nous à regarder
en nous pour nous enraciner dans ton Esprit d’amour, afin que nous puissions
nous ouvrir aux autres avec sagesse et courage en choisissant toujours la voie
de l’amour et de la justice. Nous t’en prions au nom de ton Fils, Jésus Christ,
dans l’unité du Saint-Esprit. Amen.
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